Le Christianisme s’impose en Europe  En 371 après Jésus-Christ, le Christianisme devient la religion d’État de  l’empire romain. En 391 Théodose Ier supprime les dernières manifestations du  paganisme « officiel » dans l’Empire. Il ne faut toutefois pas y voir une conversion  de masse immédiate : ce n’est pas parce que les dirigeants se convertissent que la  population entière renie ses croyances. Dans les premiers siècles du christianisme,  il semble en effet que “l’ancienne religion” (sous les différentes formes sous  lesquels elle pouvait être pratiquée) reste dominante en Europe.  Ne pouvant supprimer les croyances, l’Église s’attacha à récupérer à son  compte ce qui pouvait l’être des anciennes pratiques. Ainsi, les fêtes chrétiennes  furent par exemple placées aux mêmes moments que les  fêtes païennes, dans le même état d’esprit, le pape Grégoire I (640-604) fit construire  des églises sur les lieux de culte païen, ... Les gens continuèrent donc à se rassembler  au même endroit, aux mêmes dates, mais les anciens dieux n’y étaient plus vénérés :  le culte qui y était rendu était dirigé par un prêtre chrétien.   Une sorte de culte hybride, mélange de christianisme et d’une spiritualité plus  ancienne, se serait ainsi développé. Cela apparait clairement à travers le culte qui est  parfois rendu à la vierge Marie, à laquelle des églises sont dédiées sous le nom de  “Notre-Dame” (Notre-Dame de Paris par exemple), un autre nom de la Déesse, ou  encore sous la forme de la vierge à l’enfant (l’un des aspects de le Déesse).  Le temps des persécutions  Après la mort de Grégoire I, l’Église continua de gagner du pouvoir mais les papes qui suivirent  commencèrent à s’inquiéter des divergences sur le contenu de foi qui se faisaient jour. En effet, qui dit un  seul Dieu dit une seule vérité admissible. Le chaos dans lequel était alors plongé l’Europe donna à l’église,  en accusant les hérétiques de ces maux, une justification pour les éliminer.  Si le premier procès en sorcellerie eu lieu dès 1235 à Treves et que la première sorcière fut brulée à  Toulouse en 1275, les sorcières ne furent pas les premières cibles de  l’Église. En effet, les premières inquisitions s’attaquèrent tout d’abord à  l’hérésie cathare (mouvement chrétien qui reprochait notamment à l’Église  sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir), et à l’Ordre du Temple (les  fameux Templiers).   Ces inquisitions terminées, l’Église changea de cible. Jusqu’alors il  apparait en effet que les sorcières étaient davantage perçues comme tirant  leurs pouvoirs de Dieu que du Diable (Dans la Bible, lorsque Moïse fait  s’écarter les eaux de la mer rouge, il est par exemple écrit : “Moïse étendit sa  main sur la mer. Et l'Éternel refoula la mer par un vent d'orient”).   Le fait que les païens ne furent pas immédiatement considérés comme  vouant un culte à Satan est attester par l’étymologie du mot paganisme qui vient de paganus et qui  signifiait à l’origine “ceux qui vivent dans la campagne” - paganus a ainsi donner, en plus de paganisme, le  mot paysan -, si le mot païen fut rapidement utilisé par l’Église pour désigner ceux qui n’était pas chrétien,  on s’aperçoit qu’il n’y avait alors pas de connotation diabolique dans l’utilisation de ce mot.   Au XIIIème siècle, la position de l’église changea radicalement. La sorcière n’est alors plus vu comme  travaillant main dans la main avec Dieu, mais comme ayant signé un pacte avec le démon. Il semble que ce  changement de position de l’Église s’explique car elle aurait alors pensé qu’existait une “secte” de sorcières  bien organisée et s’étendant à travers toute l’Europe.  Le Dieu cornu devint Satan Alors qu’à cette époque le Christianisme est la religion dominante en  Europe, le culte du Dieu cornu n’a visiblement pas totalement disparu et  continue d’être pratiqué, notamment en Grande-Bretagne. En 1300, l’évêque de  Coventry est accusé de pratiquer ce culte, dans le document l’accusant, le Dieu  cornu est appelé Satan pour la première fois par l’Église. En effet, Satan n’est  jamais décrit sous cette forme dans la Bible. Il est bien connu que pour  implanter une nouvelle religion, il n’est rien de tel que de désigner les anciens  dieux comme étant en réalité des démons !  La chasse aux sorcières à grande échelle  Si dès 1326 la sorcellerie est définie comme une hérésie par le pape Jean XXII , ce n’est qu’en 1484 que  les portes de la terreur vont véritablement s’ouvrirent lorsque le pape Innocent  VIII prit une bulle papale ordonnant que l’on débarrasse les terres des sorcières et  des chats noirs en les tuant (bucher en France et en Allemagne; pendaison en  Angleterre). Ce fut alors le début d’une période d’hystérie collective.  L’Église nomma immédiatement des inquisiteurs qui avaient toute autorité  contre les personnes accusées de sorcellerie. Ces derniers, au nom du pouvoir  ecclésiastique avaient tous les droits en matière de chasse aux sorcières, et  n’hésitèrent donc pas à recourir à la torture, faisant ainsi avoué aux accusés tout  et n’importe quoi. Toutes les possessions des personnes suspectées de sorcellerie  étaient confisquées pour ne jamais leur être rendue, même dans les rares cas où  elles étaient innocentées : être inquisiteur était une activité extrêmement lucrative !  Parmi les victimes de la chasse aux sorcières, on trouve en premier lieu les femmes qui étaient le  moins protégées socialement (femmes vivant seules et à l’écart, tel les veuves, les vieilles filles, ou les  vieilles femmes par exemple).    Les sages-femmes et les guérisseuses furent également fréquemment accusées de sorcellerie. Ces dernières  utilisaient les savoirs ancestraux pour soigner, ce qui allait de pair avec des incantations que l’Église aurait  voulu voir remplacer par des prières adressées aux saints guérisseurs.  Les femmes, cibles privilégiées  La persécution fut véritablement lancée à grande échelle lorsqu’en 1486 fut  publié le Malleus Maleficarum (le Marteau des sorcières en français). Ce code,  destiné à aider les inquisiteurs dans leur chasse aux sorcières, définit les femmes  comme étant le principal instrument du démon, ce qui est surprenant car on sait  qu’elles étaient de bien meilleure chrétienne que les hommes. Dans les faits, 80  % des victimes des procès en sorcellerie furent des femmes.  Cette haine contre les femmes s’explique tout d’abord par les textes  Bibliques eux-même, et plus précisément par la Genèse (premier livre de l’ancien  testament), livre dans lequel le pêcher originel est textuellement décrit comme  ayant été commit par une femme - Ève -, pire il y est dit qu’elle corrompit  l’homme - Adam -. Le fameux épisode de la pomme est en effet ainsi conté : “La  femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour  ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui  était auprès d'elle, et il en mangea”.   Les auteurs du Marteau des sorcières, deux prêtres Dominicains, semblent de plus avoir certaines obsessions,  plusieurs chapitres du livre étant consacré à la sexualité dans la sorcellerie et reprochant aux femmes d’être  “trop érotique”.  La fin des chasses aux sorcières  A la fin du moyen-âge, l’Église commence à réaliser qu’il n’existe pas de secte de sorcière organisée et  s’étendant à travers l’Europe comme elle avait pu le croire. Mais il est alors trop tard pour inverser la  tendance, les famines et les épidémies n’ayant pas disparu, cela signifie pour la population de l’époque que  le diable, malgré les chasses aux sorcières qui ont été  mené, n’a pas été chassé d’Europe. Les chasses aux  sorcières vont donc changer de main pour être mené par  le pouvoir séculier (la justice laïque).   Le XVIème-XVIIème siècle qui marquent le début du  monde moderne s’accompagnent de bouleversements  sociaux, face à l’incompréhension du monde qui les  entoure la peur du diable est à son point culminant, et les  chasses aux sorcières vont atteindre leur apogée, avant de  commencer à s’atténuer. L’imaginaire collectif qui situe la majeure partie des bûchers au moyen-âge est  donc erroné.  A la fin du XVIIème siècle, on commence à se rendre compte que sous la torture, n’importe qui est  capable d’avouer n’importe quoi. Ainsi, à Salem, par exemple, un accusé avouera avoir participé à un  sabbat où était également présente l’épouse du gouverneur, une femme dont la piété était irréprochable, ce  qui décrédibilisera totalement cet aveu.  De plus les doutes quand à la réalité des phénomènes reprochées aux sorcières se font de plus en plus  nombreux. C’est ainsi qu’en France les terribles chasses aux sorcières prirent fin en 1680, date à laquelle le  Parlement de Paris finit par nier toute réalité aux pactes sataniques. En Grande-Bretagne, la dernière  prétendue sorcière fut brulée en 1727, mais le dernier “Witchcraft Acts” ne fut retiré qu’en 1951.   Estimation du nombre de victime  Si certains ont estimé à 9 millions le nombre de personnes qui moururent  durant les cruels chasses aux sorcières (Dan Brown par exemple dans le Da Vinci  Code), ce chiffre semble exagéré et il est probable que le nombre de victimes ait  été beaucoup moins important. Les historiens s’accordent en effet sur le chiffre de  100 000 morts, un nombre qui reste élevé en proportion de la population  européenne de l’époque. Il faut noter que 100 000 personnes tuées pour  sorcellerie ne signifie pas pour autant 100 000 sorcières : comme nous l’avons déjà  dit, les techniques de tortures utilisées permettaient de faire avouer n’importe  quoi à n’importe qui. De plus, puisque les chats subirent le même sort, il n’y eu plus de protection  contre les rats qui transportèrent la peste noire en Europe. Pire que tout, on les tint à tort pour responsable  de ces épidémies, et on ordonna leur massacre en guise de représailles, facilitant ainsi la propagation de la  maladie. On pourrait donc ajouter aux morts des bûchers ceux qui moururent de la peste comme ayant été  victime des chasses aux sorcières.  Réagir à cet article sur le forum Dernière mise à jour : 29/05/2011 - Me contacter : webmaster@lesitedelawicca.fr